Une entorse de la cheville, tout le monde connaît. Si banale mais si contraignante, elle peut disparaître de votre vie si elle est bien traitée. On vous explique comment faire pour vous en débarrasser.
Le running, c’est cool, mais dès que vous commencez à courir sérieusement, le fabuleux monde des blessures s’ouvre à vous. Un monde inconnu jusqu’alors, ou effleuré pour certains après une mauvaise réception d’un 180° grabé précédé de quelques verres de vins chauds à Serre-Che, un pas de danse mal exécuté, une feinte de corps ratée au foot ou encore une marche loupée après un mauvais réveil. La seule différence, c’est que ces trois dernières situations sont exceptionnelles. Alors que la vie d’un coureur est rythmée de blessures, et il faut s’en accommoder et composer avec.
Pour y parvenir, c’est toujours mieux de comprendre ce que votre médecin vous raconte, voire même de savoir ce que vous avez avant même d’aller le voir. Du coup, nous vous avons préparé une série d’articles expliquant et détaillant chaque blessure classique du coureur, avec le kinésithérapeute Matthieu Robert, co-fondateur du cabinet KOSS à Paris, intervenant régulier à la Fédération Française d’Athlétisme et fin connaisseur des pathologies liées à la course à pied. Ici, focus sur l’entorse de la cheville, avec qui vous nourrissez peut-être déjà une relation de longue durée.
L’entorse de la cheville, qu’est ce que c’est ?
L’entorse de la cheville se caractérise par la lésion de ligaments de la cheville. Ce sont le plus généralement les ligaments latéraux externes qui sont touchés, car la plupart des entorses de la cheville sont dus à une torsion vers l’intérieur. Les lésions de ces ligaments peuvent aller du simple étirement à la rupture totale. Sur certaines entorses, des tendons peuvent être touchés, et il peut également y avoir une fracture osseuse. Les entorses de la cheville sont décomposées en trois types :
Bénigne : Étirements au niveau des ligaments ou tendons. La douleur est immédiate, mais elle disparaît assez rapidement (entre 24h et une semaine). Il peut y avoir de légers gonflements, mais ce n’est pas systématique.
Moyenne : Ligaments distendus voire rompus. La capsule articulaire peut être touchée. Le gonflement est plus important, et un hématome peut se former.
Grave : Ligaments rompus et des arrachements osseux peuvent s’être produits. Le gonflement est immédiat, et l’hématome intervient quelques heures après la blessure.
Quelles sont les causes ?
L’entorse de la cheville intervient lorsqu’il y a torsion brutale de la cheville. Si vous avez déjà été victime d’une entorse de la cheville, vous aurez plus de risques d’en rencontrer une nouvelle. À noter que les femmes sont plus sujettes aux entorses de la cheville car elles ont une laxité ligamentaire souvent plus importante.
Quels sont les symptômes ?
Entorse bénigne : Douleurs et gonflements variables. La cheville a un peu tourné mais il n’y a pas de gonflements et vous ressentez une légère douleur. Vous pouvez continuer à bouger votre cheville avec une petite gêne.
Entorse moyenne : Distension voire rupture partielle du ligament. La douleur est plus intense, la cheville gonfle, l’hématome est formé et l’appui au niveau du pied est très douloureux.
Entorse grave : Rupture totale du ligament. La douleur est violente, l’instabilité de la cheville est immédiate, le pied ne peut quasiment plus bouger, le gonflement et l’hématome sont plus importants et vous ressentez une douleur dès que l’on touche votre cheville.
Faut-il réaliser des examens particuliers ?
Une radiographie de la cheville est fortement recommandée, même pour les entorses bénignes, pour voir s’il n’y a pas eu d’arrachements osseux.
Comment s’en débarrasser ?
Il faut savoir qu’une entorse mal traitée, même bénigne, engendrera des douleurs chroniques tout au long de votre vie. Il se peut également aussi que votre système proprioceptif ne retrouve jamais son état normal. Un suivi chez un kinésithérapeute du sport est donc indispensable, dès que votre blessure est diagnostiquée. Il va pouvoir réaliser des soins de drainage et de physiothérapie qui permettront d’évacuer l’œdème ou l’hématome présent après l’entorse. Après ce message alarmiste, sachez que pour traiter correctement une entorse de la cheville, le protocole POLICE CANAI est de rigueur – un acronyme anglais qui liste la marche à suivre.
POLICE CANAI
P pour Protection : Assurez-vous de ne pas provoquer de douleurs pendant les premiers jours. Vous aurez besoin d’une simple attelle pour les entorses bénigne, d’une contention avec une orthèse semi-rigide pour les entorses moyennes, et d’une immobilisation totale pour une entorse grave.
OL pour Optimal Loading (Optimisation des efforts) : Ajustez la charge sportive que votre cheville devra encaisser. En clair, tous les mouvements de la cheville sont autorisés, tant qu’il n’y a pas de douleur. À J+3, si vous pouvez trottiner avec une entorse bénigne ou marcher avec une entorse moyenne sans que la douleur ne soit ressentie, n’hésitez pas.
I pour Ice (Glace) : Glacez les deux ou trois premiers jours pour limiter les saignements (pour les entorses moyennes et graves). Après 48h, il n’y a généralement plus de saignements.
C pour Compression : Appliquez un bandage compressif pour éviter que le gonflement soit trop important.
E pour Élévation : Pour les entorses moyennes et graves, il faut absolument surélever votre jambe pour optimiser la circulation sanguine et que l’œdème se résorbe le plus rapidement possible.
CA pour Cardiovasular Activity (Activité Cardiovasculaire) : Plus un tissu est vascularisé, mieux il va cicatriser. Il faut donc reprendre une activité sportive le plus rapidement possible. Si les douleurs sont toujours présentes après quelques foulées, optez pour la natation (avec un pullbuoy entre les jambes) ou le vélo.
NAI : No Anti-Inflammatory (Pas d’Anti-inflammatoires) : Évitez les anti-inflammatoires qui ralentissent la guérison des tissus endommagés.
Notez qu’il faut faire très attention avec les diagnostics type : « repos, glace et anti-inflammatoires pendant 10 jours pour les entorses bénignes et moyennes ». La glace n’est faite que pour limiter les saignements, qui disparaissent au bout de deux ou trois jours, les anti-inflammatoires peuvent ralentir la guérison, et le repos total engendre des raideurs de la cheville qui vont rallonger la guérison. Il faut donc absolument du mouvement pour générer une bonne cicatrisation. Il vous est cependant conseillé de vous faire accompagner par un kinésithérapeute du sport qui pourra vous guider et vous corriger afin de ne pas commettre d’erreur et de vous soigner plus vite. De plus il dispose de certains outils qui vous permettront d’accélérer votre reprise sportive.
Enfin, nous tenons à préciser que tous ces conseils et explications ne valent évidemment pas une une consultation chez un spécialiste.
Par : Guillaume Depasse avec Matthieu Robert
Retrouvez l'article original sur le site de Running Heroes : ici
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